Programme 2011

Programme 2011 Fauré: les Djinns Saint-Saëns: Calme des Nuits Ríu, ríu, chíu

Programme 2010-2011 Un peu de Mozart Musique baroque d'Amérique Latine

Fauré: les Djinns

Il s'agit du fameux poème de Victor Hugo (tiré des "Orientales", un recueil de poèmes paru en 1829), mis en musique par Fauré: Quelques strophes centrales sont omises dans l'adaptation musicale.
Le texte complet est sur: wikisource.
Dans les traditions sémitiques (orientales,donc), un djinn est un esprit, bon ou mauvais, en général invisible, souvent doté d'une influence psychique.
La tradition arabe considère même les djinns comme une autre race habitant la terre.
Ils se distinguent en particulier par une force surhumaine et une mémoire inaltérable.
Ceux du poème, par la peur qu'ils inspirent, ne sont clairement pas de 'bons' djinns.

Alphonse Allais a parodié Hugo avec quelques vers holorimes:

Par les bois du Djinn où s'entasse de l'effroi, Parle et bois du gin! ... ou cent tasses de lait froid.

Saint-Saëns: Calme des Nuits

Calmes des nuits, fraicheur des soirs,
Vaste scintillement des mondes,
Grand silence des antres noirs
Vous charmez les âmes profondes.
L'éclat du soleil, la gaité,
Le bruit plaisent aux plus futiles;
Le poëte seul est hanté
Par l'amour des choses tranquilles.

Ríu, ríu, chíu

Cette chanson festive évoque la nativité.

Une pseudo-video La seconde est bien aussi, mais c'est une soliste qui remplace la voix de basse.
(les commentaires en-dessous des videos sont hélas affligeants et bien éloignés de la musique!).

Comme les autres, cette chanson est disponible sur CPDL.org, qui oublie néanmoins de traduire un couplet difficile. J'ai donc tâché de boucher quelques trous.

A propos, les onomatopées "Ríu, ríu, chíu" évoquent le chant du rossignol.
D'autre part, le refrain, pour celui qui l'écoute en espagnol moderne, prend un sens déroutant, exactement contraire à ce qui semble être l'original.

Riu riu chiu, la guarda ribera; Dios guardo el lobo de nuestra cordera, Dios guardo el lobo de neustra cordera.

[rossignol], la rivière le protège, Dieu a tenu le loup éloigné de notre brebis.

1. El lobo rabioso la quiso morder, Mas Dios poderoso la supo defender; Quisola hazer que no pudiese pecar, Ni aun original esta Virgen no tuviera.

Le loup enragé voulut la mordre, Mais Dieu tout-puissant sut la défendre; Il voulut la faire incapable de pécher, et cette Vierge n'eut même pas le péché originel.

2. Este qu'es nacido es el gran monarca, Christo patriarca, de carne vestido; hanos redimido con se hacer chiquito, a un qu'era infinito, finito se hiziera.

Celui qui est né est un grand roi, Notre Père le Christ, dans une peau d'homme; Il nous a sauvés en se faisant petit enfant, et, bien qu'immortel, s'est fait mortel.

3. Muchas profecias lo han profetizado, Ya un nuestros dias lo hemos al consado Adios humanado vemos en el suelo, Yal hombre nelcielo porquel le quistera.

Beaucoup de prophéties l'ont annoncé, et enfin nos jours l'ont vu arriver, nous voyons Dieu fait homme sur le sol, et l'homme dans le ciel car Il l'a voulu

4. Yo vi mil garzones que andaban cantando, por aquí volando, haciendo mil sones, diciendo a gascones: "Gloria sea en el cielo y paz en el suelo", pues de sus nasciera.

J'ai vu mille hérons qui venaient en chantant, volant par ici, produisant mille sons proclamant à tous les vents: "Gloire dans le ciel et paix sur la Terre" à cause de sa naissance.

5. Este viene a dar a los muertos vida y viene a reparar de todos la caída; es la luz del día aqueste mozuelo; este es el cordero que San Juan dixera.

Celui-ci vient rendre la vie aux morts et relever la multitude de sa chûte; Ce petit garçon est la lumière du jour, il est l'agneau annoncé par Saint Jean

6. Mira bien queos quadre que ansina lo oyera, Que Dios no pudiera hacer la mas que madre, El quera su padre hoy della nascio Y el que la crió su hijo so dixera.

[Traduction approximative] Remarquez bien qu'ainsi elle l'eût entendu Que Dieu (ne) pût la rendre plus que mère, Celui qui était son père est né d'elle aujourd'hui, et celui qui l'a élevée s'est déclaré son fils.

7. Pues que ya tenemos lo que deseamos, todos juntos vamos, presentes llevemos; todos le daremos muestra voluntad, pues a se igualar con el hombre viniera

Puisque nous avons ce que nous désirions, allons tous ensemble, apportons-lui des présents, que tous nous donnerons de bonne grâce, puiqu'il est venu se faire l'égal des hommes.

Hanac Pachap

Chant de procession en quechua, destiné aux paroisses indigènes de Cuzco.
C'est la plus ancienne polyphonie connue de la région, publiée à Lima en 1631 par Juan Perez de Bocanegra dans Ritual Formulario e Institución de Curas.
Voici une traduction (via la version espagnole donnée sur CPDL.org).
Ceux qui voudraient vérifier sa fidélité au quechua original (levez la main!) trouveront un dictionnaire quechua, une introduction au quechua et une présentation plus détaillée.
Les autres liront juste le tableau ci-dessous:

Couplet I

Hanaq pachap kusikuynin
Waranqakta much'asqayki
Yupay ruru puquq mallki
Runakunap suyakuynin
Kallpannaqpa q'imikuynin
Waqyasqayta.
Joie du ciel,
Je t'adore mille fois
Fruit précieux de l'arbre fécond
Espérance qui encourage
et vient en aide aux hommes
Ecoute ma prière

Couplet II

Uyariway much'asqayta
Diospa rampan Diospa maman
Yuraq tuqtu hamanq'ayman
Yupasqalla, qullpasqayta
Wawaykiman suyusqayta
Rikuchillay.
Prète l'oreille à nos supplications
Ô colonne de marbre, mère de Dieu
au bel iris jaune et blanc
Reçois ce chant que nous t'offrons
Viens-nous en aide
Montre-nous le fruit de ton ventre

Programme 2010-2011

Programme 2011

Fauré: les Djinns

Saint-Saëns: Calme des Nuits

Ríu, ríu, chíu

Programme 2010-2011

Un peu de Mozart

Musique baroque d'Amérique Latine

Il s'agit principalement ici des œuvres travaillées pour le concert du 14 mai 2011.

Concert 14 mai 2011: Programme au format PDF

Un peu de Mozart

Messe KV317 "Du Couronnement".

Musique baroque d'Amérique Latine

Les chants que nous étudions viennent de deux "Cancioneros" (anthologies de chansons):

  • `"Cancionero de Palacio" <http://es.wikipedia.org/wiki/Cancionero_de_Palacio>`__, à la Bibliothèque du Palais Royal de Madrid. Ce recueil daté du tout début du XVIème siècle est une anthologie (458 feuillets conservés) de la musique polyphonique en usage à la Cour d'Espagne, sur des thèmes tant profanes que sacrés, en castillan et dans quelques autres langues.

  • `"Cancionero de Upsala" <http://fr.wikipedia.org/wiki/Cancionero_d%27Uppsala>`__, appartenant à l'université d'Upsala en Suède, et compilé lui aussi au XVIème siècle, à la Cour de Ferdinand d'Aragon (également Duc de Calabre, d'où peut-être l'impression en Italie, à Venise). Il contient en particulier "¿Cón qué la lavaré ?", d'origine espagnole, dont la mélodie célèbre fut souvent réutilisée tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Monde. En particulier, elle est reprise dans le chant de procession en l'honneur de la Vierge, écrit en quichua "Hanacpachap ", destiné aux ouailles des processions indigènes.

Tres Morillas

Pour guider vos oreilles, voici une interprétation de qualité par l'ensemble de Jordi Savall.

Voici une proposition de traduction. Remarquez que, à l'époque, les sous-entendus polissons de cette chanson en apparence innocente devaient réjouir chanteurs et auditeurs.

R: Tres morillas m'enamoran en Jaén Axa y Fatima y Marién

Trois petites maures m'inspirent de l'amour à Jaén: Axa et Fatima et Marién

1: Tres morillas bien garridas iban a coger olivas

Trois petites maures bien grâcieuses allaient cueillir des olives

R: Y hallabanlas cogidas en Jaén Axa y Fatima y Marién

Et elles les trouvaient cueillies à Jaén Axa ...

2: Y hallabanlas cogidas, Y tornaban desmaidas

Et elles les trouvaient cueillies, Et elles revenaient bouleversées,

R: Y las colores perdidas en Jaén, Axa y Fatima y Marién

Et leurs couleurs se perdaient à Jaén, Axa...

3: Tres moricas tan lozanas, Tres moricas tan lozanas

Trois petites maures si gaillardes, Trois petites maures si gaillardes

R: Iban a coger manzanas en Jaén, Axa y Fatia y Marién

Allaient cueillir des pommes à Jaén, Axa...

Hanac Pachap

Comme dit plus haut, l'air commence par reprendre ¿Con qué la lavaré? , qui est aussi au programme.

Pour tous voici une traduction (via la version espagnole donnée sur CPDL.org).

Ceux qui voudraient vérifier sa fidélité au quechua original (levez la main!) trouveront un dictionnaire quechua, une introduction au quechua et une présentation plus détaillée.
Les autres liront juste le tableau ci-dessous:

Couplet I

Hanaq pachap kusikuynin
Waranqakta much'asqayki
Yupay ruru puquq mallki
Runakunap suyakuynin
Kallpannaqpa q'imikuynin
Waqyasqayta.
Joie du ciel,
Je t'adore mille fois
Fruit précieux de l'arbre fécond
Espérance qui encourage
et vient en aide aux hommes
Ecoute ma prière

Couplet II

Uyariway much'asqayta
Diospa rampan Diospa maman
Yuraq tuqtu hamanq'ayman
Yupasqalla, qullpasqayta
Wawaykiman suyusqayta
Rikuchillay.
Prète l'oreille à nos supplications
Ô colonne de marbre, mère de Dieu
au bel iris jaune et blanc
Reçois ce chant que nous t'offrons
Viens-nous en aide
Montre-nous le fruit de ton ventre

Pase el Agoa

C'est une chanson énergique! En témoignent deux videos glanées sur YouTube: une a capella où la partition défile, et une accompagnée.

Galicien

Français

Pase el agoa Ma Julieta Dama Pase el agoa Venite vous a moy Ju me'n anay en unvergel (bis) Tres rosetas fui culler, Ma Julioletta, Dama. Pase el agua venite vous a moy.

Franchissez l'eau Juliette, ma Dame Franchissez l'eau Et venez à moi. Je m'en allai dans un verger. (bis) M'en fus cueillir trois petites roses, Juliette, ma Dame. Franchissez l'eau et venez à moi

Magnificat de Gutierrez Fernandez Hidalgo

D'après sa biographie en espagnol sur CPDL.org, ce fameux compositeur (environ 1553-1620) obtint vers 1584 le poste de recteur dans un séminaire à Bogota.

Il dut y renoncer en 1586, suite à une grève des séminaristes chargés de chanter les offices à la Cathédrale.

En 1588, il occupa brièvement un poste similaire à Quito, qu'il dut abandonner en raison des controverses sur son salaire élevé.

Sa carrière se stabilisa les années suivantes, où il devint maître de chapelle de la cathédrale de "La Plata" (aujourd'hui "Sucre"), pour le rester jusqu'à sa mort vers 1620.

La grande majorité de ses oeuvres fut perdue vers la fin de sa vie, lorsqu'il voulut les envoyer en Europe pour les faire imprimer.
Seul demeure un manuscrit d'une vingtaine de chants, à la cathédrale de Bogota.

A noter: les formations musicales utilisées étaient fort réduites, rarement plus de 7 musiciens, en comprenant le maître de chapelle et l'organiste.

Ríu, ríu, chíu

Cette chanson festive évoque la nativité.

J'ai repéré deux pseudo-videos intéressantes. La première est assez proche de notre partition.
La seconde est bien aussi, mais c'est une soliste qui remplace la voix de basse.
(les commentaires en-dessous des videos sont hélas affligeants et bien éloignés de la musique!).

Comme les autres, cette chanson est disponible sur CPDL.org, qui oublie néanmoins de traduire un couplet difficile. J'ai donc tâché de boucher quelques trous.

A propos, les onomatopées "Ríu, ríu, chíu" évoquent le chant du rossignol.
D'autre part, le refrain, pour celui qui l'écoute en espagnol moderne, prend un sens déroutant, exactement contraire à ce qui semble être l'original.

Riu riu chiu, la guarda ribera; Dios guardo el lobo de nuestra cordera, Dios guardo el lobo de neustra cordera.

[rossignol], la rivière le protège, Dieu a tenu le loup éloigné de notre brebis.

1. El lobo rabioso la quiso morder, Mas Dios poderoso la supo defender; Quisola hazer que no pudiese pecar, Ni aun original esta Virgen no tuviera.

Le loup enragé voulut la mordre, Mais Dieu tout-puissant sut la défendre; Il voulut la faire incapable de pécher, et cette Vierge n'eut même pas le péché originel.

2. Este qu'es nacido es el gran monarca, Christo patriarca, de carne vestido; hanos redimido con se hacer chiquito, a un qu'era infinito, finito se hiziera.

Celui qui est né est un grand roi, Notre Père le Christ, dans une peau d'homme; Il nous a sauvés en se faisant petit enfant, et, bien qu'immortel, s'est fait mortel.

3. Muchas profecias lo han profetizado, Ya un nuestros dias lo hemos al consado Adios humanado vemos en el suelo, Yal hombre nelcielo porquel le quistera.

Beaucoup de prophéties l'ont annoncé, et enfin nos jours l'ont vu arriver, nous voyons Dieu fait homme sur le sol, et l'homme dans le ciel car Il l'a voulu

4. Yo vi mil garzones que andaban cantando, por aquí volando, haciendo mil sones, diciendo a gascones: "Gloria sea en el cielo y paz en el suelo", pues de sus nasciera.

J'ai vu mille hérons qui venaient en chantant, volant par ici, produisant mille sons proclamant à tous les vents: "Gloire dans le ciel et paix sur la Terre" à cause de sa naissance.

5. Este viene a dar a los muertos vida y viene a reparar de todos la caída; es la luz del día aqueste mozuelo; este es el cordero que San Juan dixera.

Celui-ci vient rendre la vie aux morts et relever la multitude de sa chûte; Ce petit garçon est la lumière du jour, il est l'agneau annoncé par Saint Jean

6. Mira bien queos quadre que ansina lo oyera, Que Dios no pudiera hacer la mas que madre, El quera su padre hoy della nascio Y el que la crió su hijo so dixera.

[Traduction approximative] Remarquez bien qu'ainsi elle l'eût entendu Que Dieu (ne) pût la rendre plus que mère, Celui qui était son père est né d'elle aujourd'hui, et celui qui l'a élevée s'est déclaré son fils.

7. Pues que ya tenemos lo que deseamos, todos juntos vamos, presentes llevemos; todos le daremos muestra voluntad, pues a se igualar con el hombre viniera

Puisque nous avons ce que nous désirions, allons tous ensemble, apportons-lui des présents, que tous nous donnerons de bonne grâce, puiqu'il est venu se faire l'égal des hommes.

Con qué la lavaré?

Les fichiers de travail et la partition PDF ont été trouvés, via CPDL.org, sur un site espagnol, principalement à la gloire d'un célèbre compositeur (qui n'est pas l'auteur de notre chanson)

Si les enregistrements ne vous en ont pas déjà convaincus, les paroles de la chanson sont pour le moins élégiaques!

Parmi les ouvrages conservés de cette époque (XVIème siècle), au moins six donnent une version de cette chanson, si l'on en croit le commentaire érudit qui accompagne une video sur Youtube.

Espagnol

Français

¿Con que la lavaré la flor de la mi cara? ¿Con que la lavaré que vivo mal penada?

Avec quoi la laverai-je, la fleur de mon visage? [NDT: la peau?] Avec quoi la laverai-je, moi qui suis condamnée au malheur?

Lavanse las casadas con agua de limones.

Celles qui sont mariées se lavent avec de l'eau et du jus de citron

Lavo me yo cuitada con penas y dolores. ¿Con que la lavaré que vivo mal penada?

Moi, affligée, je me lave avec des peines et des douleurs. Avec quoi la laverai-je, moi qui suis condamnée au malheur?